Un concept made in Switzerland

Si vous vous baladez en campagne, loin de la ville, là où le temps semble avancer à un rythme plus naturel, vous découvrirez peut-être une ferme avec un panneau de bienvenue, une porte ouverte indiquant “self”, c’est à dire une petite boutique où vous pourrez être à la fois à la caisse, à la compta et être le client, tout ça en l’espace de 5 minutes.

Le panneau qui indique le magasin à la ferme.
Une épicerie de vente directe à Romainmotier, dans le canton de Vaud

Le principe est simple et pratique, et repose sur la confiance et la droiture des suisses. Une petite salle de la ferme où vous allez faire vos achats est ouverte et expose les produits vendus par le producteur avec leurs prix.
Vous faites votre choix, puis vous payez dans une caisse prévue à cette effet (comme celle-ci est la plupart du temps fermée et que vous êtes seul dans le magasin, il est bon d’avoir de la monnaie sur soi, et bien sûr de l’argent liquide).

Les produits en vente-directe disposés dans leur local

Une fois vos courses faites, vous notez dans un cahier ce que vous avez pris et combien vous avez payé, ainsi le paysan saura qu’une personne est venue et a acheté quelque chose.

Il m’est arrivé d’acheter des fruits, des graines ou des légumes dans un de ces magasins libre service. Il fallait peser soi-même les produits et une calculette mise à disposition permettait de connaître le prix à payer.

La confiance est telle, qu’en Suisse Allemande, j’ai un jour vu une armoire vendant de l’huile et du miel, simplement disposée seule au bord d’une petite route. Ces produits devaient provenir d’une ferme qui ne devait pas être sur un lieu de passage.

A noter que même certains supermarchés suisses s’y sont mis. Aux caisses, vous trouverez un coin normal avec des employés qui scannent vos produits et un coin self-service où vous pourrez scanner vous-même vos courses et payer avec votre carte bancaire. Le système, là encore, est basé sur la confiance et permet de faire travailler les clients. Des employés se retrouvent tout de même contrôleurs, surveillant plusieurs caisses à la fois et assistant les acheteurs débutants. Pour le client, cela peut permettre de ne pas faire la queue à la caisse.

De manière générale, et surtout à la ferme, je trouve génial qu’un tel système existe encore à notre époque, cela permet au paysan de gagner du temps (ce qui doit compenser les vols éventuels), au consommateur d’être tranquille pour faire ses achats et surtout, de se sentir valorisé comme une personne de confiance, ce qui a quelque chose d’agréable. L’argent va directement au producteur et soutient un commerce local et souvent artisanal. Mon seul regret dans un tel magasin, est de ne pas pouvoir rencontrer le producteur et le remercier pour ses bons produits ! Mais pourquoi pas lui laisser un petit mot ? Ou le saluer s’il passe un jour remplir les rayons de son épicerie.

La table avec le cahier pour la comptabilité et la caisse pour payer, accrochée au mur à gauche.

Un système similaire d’auto responsabilité existe dans des coopératives de logement, à Genève par exemple. Les habitants disposent d’un local où des produits de base sont proposés en vrac, par exemple du liquide vaisselle écologique, différents produits de nettoyage, ainsi que des denrées de base comme de l’huile. Ces produits sont achetés par la coopérative en gros et les habitants peuvent se servir selon leurs besoins, ils amènent leurs pots et les remplissent eux-mêmes. Comme dans les magasins paysans, les habitants inscrivent la quantité prise pour chaque produit et la somme qu’il doivent payer.

Voilà un des bons côtés de la Suisse, dont nous pouvons être fiers et il est important de continuer à respecter ce genre de pratiques basées sur la confiance et l’honnêteté.

On pourrait même faire un rapprochement avec la Thaïlande, où les gens volent peu également, et où j’ai vu que les vendeurs sur les marchés peuvent simplement couvrir leurs fruits avec un drap, laisser leur marchandise ainsi, au bord de la route pour la nuit, avant de revenir le lendemain matin pour les vendre à nouveau.